POCHADE MILLÉNARISTE
POCHADE MILLÉNARISTE
[ UN PROJET (PLUS QUE) THÉÂTRAL POUR QUE DES VIES SE CROISENT ]
d’après « Pochade millénariste » d’Eugène DURIF
LA CAPTATION EST ARRIVÉE !
Merci Lula Parker et Maxime Parisot, assistée d’Emma Beaucé !!!!
« Pochade Millénariste » d’Eugène Durif (éd. Actes Sud Papiers)
« Alors que vont avoir lieu les cérémonies et fêtes qui accompagneront le changement de millénaire, les exclus qui pourraient donner une image négative de la ville sont pourchassés par des « brigades humanitaires », qui veulent les regrouper dans des centres à l’écart de la ville. Certains refusent et se cachent.
À la faveur d’une grande panne d’électricité, ils sortent des lieux où ils sont terrés et une « fête des gueux », un carnaval bouffon, s’improvise dans la rue. Mais l’Ordre va s’avancer à visage découvert (sans plus d’alibi humanitaire) et reprendre ses droits. »
C’est une pièce (d’un auteur contemporain et bien vivant) pour douze comédiens et un choeur. Les personnages sont issus de trois « castes » : les exclus, l’élite et ses agents (les Brigades Humanitaires).
C’EST ICI POUR SUIVRE CETTE CRÉATION EN IMAGES
Extrait « les deux brigadistes »
Pierre : Je t’ai dit que j’ai entendu !
Jean : La circulation…
Pierre : Entendu, je te dis entendu…
Jean : Peut‐être un peu sur les nerfs.
Pierre : En douceur.
Jean : Question de jour… On ne sait jamais qui nous regarde… Des oreilles ennemies.
Pierre : Qui nous écoute… les oreilles.
Jean : C’est pareil! Ou des regards qui nous regardent! Du doigté! Tu comprends? S’agit d’avoir du doigté!…En douceur…
Pierre : En douceur [Il mime un coup en douceur. En parlant des gueux] Saloperie de cafards… Le premier que je chope !…Toujours ça de pris même si après…
Jean : Après ? Juste à les rassembler… En douceur.
Pierre : En douceur…
Jean : Auxiliaires d’une opération humanitaire.
Pierre : Humanitaires…
Jean : Humanitaires !
Pierre : Humanitaires ! Humanitaires ! S’ils se débattent trop…
Jean : Humanitaires ! En douceur !
Pierre : En douceur. Pas de traces !
Jean : En douceur. Pas de traces !
Pierre : Pas de bruit.
[Il fait un signe avec sa main sur la bouche. Ils
disparaissent sur la pointe des pieds]
Snoopy : S’éloignent!
Sissi Impératrice : On va bien finir par ne plus le voir du tout le ciel!
Snoopy : Sont partis [Fait un bruit avec son nez] Me trompe jamais celui‐là ! Le ciel on a fini par y toucher, alors pourquoi est‐ce qu’on aurait encore besoin de le voir ?
Heureux les rats dans leur trou, car le royaume de la terre leur est grand ouvert.
Sissi Impératrice [Elle fait un bruit avec son nez imitant celui de Snoopy] : Sentirait un peu le sapin leur machin ?
Snoopy : Machin, machin… « La pyramide du monde », et c’est le millénaire qu’est là, accourez, et c’est le millénaire et le monde entier qui s’y presse, qui s’y presse pour la fête.
Sissi Impératrice : Et nous on serait… comme légèrement de trop.
Snoopy : Peut‐être un peu de trop sur la photo.
Mise en scène : Cécile Kiffer
Interprétation : Marie Alams, Bérengère Agassis-Benyoub, Xavier Beaufils, Marie-Françoise Dufau, Junior Joseph, Tina Joseph, Cécile Kiifer, Emmanuelle Labrosse-Bastien, Mathilde Lejeune, Charlize Malingre, Odile Mauguin, Ronan Olnet, Elsa Schaffer
Musique originale : Elsa Schaffer
Musiques additionnelles : Mr Hertz, Burn in hell, André Dufau
Costumes : Caroline Binet, Marie-Françoise Dufau, Geneviève Aubry, Cécile Kiffer
Décors : Christophe François, Romain Thomas
Lumières : Romain Thomas, Johan Debert
Son : Johan Debert
Toutes ces périodes de création et de représentations seront suivies par
Lula WACHTEL et Maxime PARISOT, filmistes
pour la création d’un film documentaire,
et par
Jean-Luc Simon & Thomas Labrosse
pour la création d’un livre documentaire et d’une gazette.
avec le soutien de
et avec la participation du CCAS du Blosne, du CDAS 35
Genèse
« J’aimerais travailler avec des gens qui ont du temps libre en journée, je pense à des femmes/hommes au foyer, chômeurs, retraité‐e‐s, jeunes en rupture scolaire… Travailler en journée sur une période de 8 semaines, concrétiser par des représentations.
Pourquoi le Blosne ?
D’une part un quartier en pleine transformation avec les implantations du Conservatoire et du Quadri (Biocoop, librairie…). Cela annonce des changements de population. J’habite ce quartier, qui est un quartier où une majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ces gens d’une classe populaire et pauvres ont rarement franchi la porte d’un théâtre. Pourquoi ? Je pense que beaucoup se disent que ce n’est pas pour eux, pauvres, smicards, allocataires RSA, interimaires…
J’en vois qui pratique le sport, la danse, certains même doués dans ces pratiques. Beaucoup dans ce quartier galèrent et ces galères elles‐mêmes les poussent à l’inventivité, la créativité. Je suis sûre que les faire monter sur un plateau leur offrirait une découverte d’eux‐mêmes, des autres et une ouverture au théâtre. Il est à mon sens avant tout fait pour eux. Parce que ces gens ont des choses à raconter, des sentiments à exprimer et je suis persuadée qu’il y a des talents qui se découvriront, et peut‐être qu’après une expérience comme celle‐ci, ils rentreront dans des théâtres, peut‐être qu’ils s’inscriront au concours du Conservatoire installé à deux pas de chez eux. »
Cécile Kiffer